Actualités

Athlètes et sportifs occasionnels, la reprise du sport après le confinement

le 11/06/2020

Après plus de 2 mois de confinement, les sportifs aguerris et les athlètes du dimanche vont devoir redémarrer leurs disciplines avec prudence. En effet, les corps étant reposés et les muscles amoindris, il s’agit d’éviter toute blessure liée à la reprise...

Au sein de la population sportive, deux profils d’individus se dessinent : ceux qui ont stoppé toute activité et ceux qui l’ont poursuivie de manière « aménagée ». Dans les deux cas, Maxime Larbaigt, kinésithérapeute du sport et préparateur physique au Centre Européen de Rééducation du Sport (CERS) Capbreton, appelle à la plus grande vigilance.

 

Reprendre progressivement...

Habitués aux entrainements quotidiens, les sportifs de haut niveau ont dû, eux-aussi, s’adapter. « Les joueurs (ndlr : de rugby) étaient au chômage partiel et n’ont pas forcément suivi un entrainement, explique Maxime Larbaigt. Alors, lorsqu’ils se présentent au CERS, nous leur concoctons un programme spécial et adapté ». Sur la base d’un séjour de 3 semaines, les objectifs sont tournés vers une triple adaptation du sportif : cardio-vasculaire, musculaire et tendineuse. « En moyenne, les athlètes ont perdu 30 à 50% de leur force maximale après un arrêt strict.

Il faut donc procéder à un travail de force, de manière progressive : on commencera par un travail isométriquepuis concentrique2 pour ne pas agresser les muscles de manière trop brutale. Nous évoluerons ensuite vers un travail excentrique. Côté tendons, nous observons des zones de fragilités notamment au niveau des mollets et des ischios3, d’où l’importance de mettre des contraintes de manière progressive. On peut aussi utiliser des rouleaux de massage et des étirements doux pour stimuler le complexe musculo-tendineux. Enfin, pour la partie cardio, on commence par un travail d’endurance fondamentale, qui peut être entrecoupé d’un travail intermittent très court afin de stimuler le système nerveux autonome. Pendant cette trêve forcée, la VO2Max peut chuter jusqu’à 20%. D’où l’importance d’un travail cardio adapté. »

Le travail progressif est la clé d’une reprise réussie. Le volume des séances hebdomadaires, la durée et l’intensité des exercices vont aussi être adaptés. « Chaque jour, nous suivrons l’évolution du sportif à travers des données telles que la fréquence cardiaque et bien sûr la prise de température, afin d’écarter tout risque de contamination au Covid-19 », précise le spécialiste. En effet, les gestes barrières et la distanciation font désormais partie du quotidien du CERS.

 

Et surtout : écouter son corps

De manière plus concrète, cette reprise va se traduire par des séances de 30 à 45 minutes avec une intensité modérée. « À vitesse lente, on réapprend à sentir son corps dans l’effort. Je conseille par ailleurs un travail de renforcement musculaire simple mais de qualité afin de développer l’aspect neuro-musculaire de manière optimale (squats, fentes, position de la chaise) ». L’hydratation a également un rôle primordial, surtout si les exercices sont réalisés en intérieur. « Les home trainers sont très déshydratants sans que l’on s’en rende compte. Pour rester en bonne condition, il faut donc rester vigilant. Enfin, des exercices d’assouplissement progressifs, après chaque séance, permettent de détendre les tendons et de favoriser la récupération ».

Aussi bien pour les sportifs de haut niveau que pour les amateurs, il faut écouter son corps. « Lorsque le sportif arrive, nous lui faisons passer des évaluations afin de mesurer l’ampleur du travail. Puis nous repartons à la base. Étape par étape… », raconte Maxime Larbaigt. Des exercices respiratoires permettent également aux organes de retrouver une consommation d’oxygène « normale ».  Dans tous les cas, que l’on reprenne le sport à domicile ou bien dans un centre comme le nôtre, il est préférable de s’entourer de spécialistes (kinésithérapeute, préparateur physique) pour aller dans la bonne direction ».

Une reprise efficace se mesure donc sur la durée, et en l’absence de blessure à l’effort. 

 


Technique statique : contraction volontaire des muscles agonistes et antagonistes, sans production de mouvement, pour immobiliser les segments osseux.

 La contraction concentrique provoque un gonflement lié au rapprochement des unités contractiles du muscle.

3 Les ischios-jambiers forment les muscles de la cuisse.